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Chose curieuse, si les planteurs du Mayumbe sont tous Belges, les commerçants y sont presque tous des Portugais. Très solidaires les uns des autres, c’est de l’Angola qu’ils font venir les marchandises : riz, sel, poisson séché, etc., qu’ils vendent aux indigènes qui leur apportent leurs noix et leur huile. Et c’est vers l’enclave de Cabinda qu’ils acheminent, autant qu’ils le peuvent, leurs produits, par des baleinières ou des pirogues ou tout simplement en confiant leurs barils d’huile au courant de la Lukula, de la Shiloango et de la Lubuzi. Ce trafic, qui fait concurrence au rail, favorise l’enclave portugaise dont la configuration, — et il en va ainsi de toutes les enclaves — favorise évidemment aussi la contrebande…

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N’est-ce pas Napoléon qui a dit que la politique des États était tout entière dans leur géographie ?

Nulle part cette vérité n’apparaît plus évidente que pour la Belgique d’Afrique, sinon pour la Belgique d’Europe. À y réfléchir, la configuration de notre colonie, dont le territoire embrasse tout le grand fleuve, depuis ses sources jusqu’à son embouchure, ne ressemble à celle d’aucune autre colonie. On l’a comparée à une énorme dame-jeanne dont le goulot serait ridiculement rétréci. Comme type géographique, ce n’est assurément pas l’idéal.

L’Est africain allemand étant passé sous le mandat britannique (y restera-t-il ?) nous n’avons actuellement, sur les flancs de cette dame-jeanne, que d’excellents voisins dont les gouvernements nous inspirent pleine confiance : France, Angleterre et Portugal. Parmi les étrangers qui se mêlent aux Bel-