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mes vacances au congo

nos missionnaires, nos officiers, nos ingénieurs, nos marchands, nos touristes empruntent les mêmes routes, connaissent les mêmes gîtes, les mêmes difficultés et les mêmes espérances que ceux de France ou d’Angleterre. En apprenant à mieux se comprendre, ils sentent aussi de mieux en mieux qu’ils partagent en commun les responsabilités qui, selon le mot de Kipling, ont été placées par la Providence sur les épaules des hommes blancs. En Afrique comme en Europe, ils sont comptables de cette civilisation occidentale que nous avons défendue ensemble naguère par les armes contre une conception toute matérialiste et barbare de la force et que nous devons continuer à servir pacifiquement par la mise en valeur des races et des contrées sauvages ou a demi-sauvages.

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Accoudé au bastingage du pont supérieur, j’échange quelques idées sur ce thème avec un vieux gentleman, grand éleveur des environs de Durban. La nuit est venue. L’air est d’une douceur virgilienne. Le ciel est tout criblé d’étoiles. On dirait d’une poussière de diamants que traverse parfois un éclair fugitif, d’un or presque vert.

Un chant s’élève dans la nuit. Groupés dans un salon de troisième classe, des passagers unissent leurs voix graves ou claires en un hymne religieux d’une mélodie lente et prenante. C’est très simple et très beau. Et la grandeur de la race anglo-saxonne, qui mêle si naturellement l’idéalisme et le