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MES VACANCES AU CONGO

ministration du Mayumbe, ainsi le paysage mayumbien reproduit en un microcosme les principaux aspects de notre décor congolais : brousse, savane et forêt. Voici des zones incultes, puis des plaines aux arbustes clairsemés, puis — dans les creux — des taillis et de la futaie sauvage, puis, — au partage des vallées, — quelques plateaux brûlés de soleil et d’où l’œil embrasse de larges panoramas, évocateurs de l’Ardenne.

Le pays est relativement peuplé, mais la race, comme dans tout le Bas-Congo, est abâtardie et étiolée. Elle se ressent des misères historiques de la traite. L’alcool et le « malafou » n’ont pas tout à fait cessé d’y exercer leurs ravages et la maladie du sommeil y sévit encore cruellement. Néanmoins, l’activité commerciale et même industrielle se manifeste par le nombre et l’importance des factoreries, des plantations et de leurs dépendances. Tout au long du « tortillard » dont on s’occupe, en ce moment même, à corriger les trop nombreux lacets, un sentier suit la voie ferrée, et le train dépasse ou croise à tout instant des petits groupes de porteurs, qui s’en vont à la file indienne avec des lourdes hottes qu’une bretelle rattache à leur front penché. Des porteurs. Non. Ce sont des porteuses. Car le noir du Mayumbe laisse galamment au sexe faible le soin de transporter ses fardeaux. Lui-même se borne d’habitude à précéder l’équipe, casquette dans la nuque et badine à la main, tandis que ses femmes, toujours la pipe aux dents, ajoutent vaillamment à leur charge le poids de leur progéniture. Qui ne s’est amusé de voir surgir d’une boîte à surprise un petit diablotin hirsute, simple boule de laine noire avec deux perles qui lui servent d’yeux ? C’est ainsi qu’apparaît la petite frimousse éveillée du poupon parmi les produits hété-