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mes vacances au congo

Banane. Le docteur Druart l’améliore. Aux grands ouvriers de l’âge héroïque — que notre gratitude ne peut oublier, — a succédé déjà une nouvelle lignée d’administrateurs, où se révèlent plusieurs hommes dignes de leurs aînés. La puissante personnalité du gouverneur général et l’heureux magnétisme qu’elle exerce, contribueront à exciter leur ardeur au travail qui ne doit rien avoir de commun avec la vie bureaucratique et obscure des pays civilisés.

Aux colonies, les formules ne sont rien, les hommes sont tout. Et l’erreur que je soupçonne au fond de la plupart des grandes et petites querelles qui divisent parfois ici fonctionnaires, administrateurs, missionnaires, magistrats, commerçants est l’importance exagérée et vaine que des théoriciens de cabinet attribuent trop volontiers à des méthodes qui sont à la fois vraies et fausses : colonisation scientifique, respect des cadres de la société indigène, séparation des pouvoirs, défense du droit coutumier. Ici, plus qu’ailleurs, la réglementation outrancière, c’est la paralysie. À toute cette logomachie, délayée en de savantes circulaires ou en ordonnances compliquées, je préfère le système plus pratique qui consiste à lâcher la bride à toutes les compétences et à toutes les bonnes volontés, à dissiper les préventions et les jalousies, à encourager la collaboration confiante et cordiale de toutes nos forces nationales, — si peu nombreuses hélas ! au Congo, et à agir plutôt qu’à disserter.

On m’assure qu’il y avait naguère, au débarcadère de Boma et à l’usage des nouveaux-venus, un écriteau planté là par quelque colonial facétieux et sur lequel était inscrit ce conseil laconique : « Tire ton plan ».