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mes vacances au congo

des choses de cette région, les lourdes coquilles blanches que l’on trouve à Banane et même à Borna, où elles décorent en bordure les jardins du gouvernement, servaient jusqu’au début du siècle passé, de l’est de retour aux voiliers qui transportaient au Brésil ou aux Antilles les pauvres noirs exportés par les traitants.

Ces souvenirs ne contribuent pas à faire de Banane un centre très récréatif, en dépit de quelques avenues bien plantées et de quelques habitations d’un type récent. Est-ce un motif suffisant pour établir ici — ainsi qu’on songe à le faire, — un grand lazaret où seraient internés les malades atteints de peste ou de choléra, et qui se trouveraient, à bord des navires qui remontent le fleuve ? Je doute qu’un tel projet soit heureux, et sa réalisation risquerait fort de priver nos coloniaux de la seule station de cure marine que leur offre notre maigre littoral d’Afrique.

* * *

Et voilà, passées en revue, nos principales villes ou villettes congolaises. Il faudrait y ajouter Lusambo, sur le Sankuru, et Irumu, dans l’Ituri, que je n’ai pas eu l’heur de visiter et dont on dit grand bien. Chacune d’elles a son originalité et chacune d’elles, dans sa création ou son épanouissement, correspond non seulement à quelque raison d’ordre économique ou politique, mais à la volonté tenace de quelques hommes, souvent d’un seul homme qui s’est attaché à son « poste » comme il se serait attaché à son enfant.

La fondation d’une colonie, bien loin de vouer à l’anonymat, ainsi qu’il en va d’habitude dans nos vieux pays, les efforts des administrateurs et des fonctionnaires, éveille