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du 15 mai 1912 sur la protection de l’enfance. Comme il n’y existe pas davantage de règlement sur l’instruction obligatoire, les petits noirs, qui poussent, on devine comment, dans cette population composite, où se mêlent bien des éléments suspects, sont enclins plus qu’ailleurs à toutes les entreprises de maraudage et même de brigandage, plus faciles et alléchantes qu’ailleurs, dans une ville de magasins, d’entrepôts et de chantiers. Au port, au marché, dans les basses-cours, ces apaches en herbe ont beau jeu. Ils n’ont pas leurs pareils pour déplomber un wagon en gare et le vider de son contenu, s’il est à leur goût. Que fait-on ? La police leur donne la chasse. Ceux qu’elle pince sont déférés au tribunal ordinaire. Si celui-ci découvre chez ces jeunes prévenus la vieille condition classique du « discernement », il les condamne, ni plus ni moins qu’un adulte, à quelques mois de prison. À la prison commune, avec les adultes ! Les enfants noirs sont précoces et le juge admet le plus souvent l’existence du discernement. C’est ainsi que des enfants de 10, de 9, de 8 ans sont envoyés en prison, d’où ils ne tarderont pas à sortir… pour y rentrer bientôt. Joli résultat et qui promet une aimable population noire à notre capitale coloniale de demain.

Puisque des écoles existent, de très bonnes écoles, dirigées à Kinshasa par les Pères de Scheut, à Léopoldville (qui ne formera bientôt plus qu’un avec Kin), par les Frères des Écoles chrétiennes, qu’on s’empresse donc de décréter, du moins pour les villes, l’obligation de l’instruction primaire et professionnelle ! Mais ce n’est pas assez ! Il faudrait qu’un fonctionnaire, ou mieux, un juge spécial, eût le droit de retirer de la circulation tous les enfants et jeunes noirs