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mes vacances au congo

se lamentent sur la crise présente. Reconnaissons qu’à l’œil du voyageur cette crise n’offre pas d’aspects trop alarmants. Les maisons de commerce de toute nationalité, les agences et les banques continuent à sortir de terre. Kinshasa comptait deux ou trois autos il y a deux ans. Le nombre en dépasse aujourd’hui la centaine. Cette maison d’angle, à un étage, avec un morceau de cour, qui vient d’être achevée, on en demande 75,000 francs de loyer par an, et qui mieux est, on les obtient. Cet appartement de cinq pièces non meublées est coté à 2,500 fr. de location mensuelle. Au lendemain d’une grande soirée organisée par le « Cercle Portugais », dans un superbe immeuble qu’il a construit de ses deniers, nous avons assisté à un banquet de cent couverts organisé par la Chambre de Commerce et le « Cercle Belge » dans un hôtel grand comme un caravansérail. En marge de la ville commerciale, qui sent un peu l’improvisation, avec ses « stores » et ses « buildings » à l’américaine, la cité indigène, très heureusement conçue, mais que l’on songe déjà à reculer, se développe en quartiers de maisonnettes, séparés par de larges et belles avenues. Plus de vingt mille noirs y sont agglomérés, venus de tous les coins du Congo, car « Kin » les attire comme un phare les phalènes.

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C’est ainsi qu’à Kin, plus d’un problème d’ordre hygiénique ou d’ordre social a grandi, et même s’est aigri, avant qu’on ait pu lui préparer une solution. Je n’en cite qu’un, qui est inquiétant : C’est celui des enfants moralement abandonnés. Il n’existe encore, dans la législation de notre colonie, aucune disposition analogue à celle de la loi belge