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Au départ de Stanleyville, dont la vision demeure exquise dans notre mémoire, Basoko et Lisala sont des stations intéressantes, centres de mission, d’écoles et de commerce : la première surtout, avec son fortin presque intact, rappelle ces petites villes militaires que l’on rencontre, passé Budapesth, aux tournants du Danube-bleu.

Capitale de la Province Équatoriale, qu’on dit être la Cendrillon de nos provinces d’Afrique, Coquilhatville m’a paru un peu somnolente, et la redoutable trypanose, qui sévit toujours dans cette région, suffirait à expliquer un temps d’arrêt dans les progrès auxquels l’administration provinciale s’efforce du mieux qu’elle peut. De belles avenues y attendent patiemment de nouveaux quartiers. L’une d’elles mène aux jardins d’Eala, sur la rive gauche du Ruki. Les arbres, les plantes et les fleurs de la colonie, — ou celles qu’on y veut acclimater — y forment un séduisant et instructif ensemble.

Mais toute cette région de l’Équateur n’est-elle pas une sorte de parc, un parc un peu fou à la vérité, et où tout ce qui pousse sous le soleil et dans l’humus, aurait prolifié à sa guise, comme en un immense Paradou ? Le « Brabant », où nous menons depuis Stanleyville une vie flottante, longe des rives imprécises d’où la végétation a vraiment l’air de ruisseler dans le fleuve. Celui-ci, dont la largeur a quelque quatorze kilomètres près de Nouvelle Anvers, est coupé par des îles parfois grandes comme des provinces : ce sont d’énormes bouquets de verdure, d’un seul ton, un peu dur et cru, et qui sont tels depuis combien de milliers d’années ?