Page:Carton de Wiart - Mes vacances au Congo, 1923.djvu/122

Cette page a été validée par deux contributeurs.

plans ont été évidemment faits de toutes pièces en Europe par un architecte qui n’avait aucune notion du climat équatorial, de ses exigences, de ses ressources. Cet hôpital est une merveille d’absurdité qui mériterait d’être conservée à titre de « grande et salutaire leçon ».

Mais voici le rêve ! Voici, de toutes les cités et de toutes les stations rencontrées, celle qui donne le mieux, avec de l’exotisme et du pittoresque à souhait, le sentiment du progrès patiemment poursuivi et réalisé. C’est Stanleyville, le joyau central, piqué au cœur même de notre colonie, au point précis où le Congo, cessant de couler du Sud au Nord, s’infléchit tout à coup pour descendre de l’Est à l’Ouest en une courbe majestueuse. Nous y arrivons par la rive gauche, où la Compagnie des Grands-Lacs a réuni ses ateliers, ses entrepôts, et — au milieu d’un jardin bien arboré, — de charmants bâtiments à usage d’hôpital, de maternité et de sanatorium. Le soleil — encore haut dans le ciel — embrase tout le paysage et fait vibrer sur la rive opposée l’amusant papillottement de cette cité, toute grouillante de vie et de couleur, où le « Kigoma » nous débarque bientôt parmi la foule. Nature et naturels, végétation et types d’Afrique semblent combiner ici, pour la fête de nos yeux, l’imprévu des lignes et des nuances. Femmes à la fontaine qui s’en retournent, moulées dans leur pagne bariolé, la calebasse sur la tête, un poing sur la hanche, avec une souveraine élégance dans la démarche. Beaux soldats d’ébène, coiffés de leurs fez rouges, défilant d’un rythme souple et rapide. Sauvages de haute taille et bien musclés dont les faces camuses s’éclairent de rires d’enfants. Que de types pittoresques : ceux-ci ont la chevelure en forme d’un bon-