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mes vacances au congo

chemin de fer. Non loin de la rive, le marché dessine un vaste enclos circulaire qui s’encombre, surtout le dimanche, d’une amusante cohue de femmes indigènes venues de bien loin pour offrir en vente leur manioc, leurs ignames, leur sel, leur riz, leur « pilipili » et toutes sortes de produits bizarres et inquiétants dont quelques-uns semblent venir en droite ligne de la cuisine des sorcières de Macbeth. De belles avenues bordées de manguiers et semées de gravier relient le fleuve aux nouvelles maisons européennes.

Sur le grand coteau que domine
Le bleu de l’immense horizon,

voici d’aimables pavillons dont les colonnades affectent quelque prétention aux ordonnances architectoniques de la Grèce antique. Une autre route, parallèle au fleuve, conduit à la mission et à l’école des petits mulâtres et des petites mulâtresses, que dirige le bon Mgr Callewaert.

L’apparition de Ponthierville, bâtie sur un promontoire à un tournant du fleuve, est un enchantement. Quelques vestiges de fortifications y rappellent les héroïques souvenirs des campagnes dirigées par nos officiers contre les forces de Saïd-ben-Abedi et de Rumaliza. Sur l’un des flancs du promontoire, voici des habitations de fonctionnaires, prolongées en terrasses et d’où les ibiscus et les « flamboyants » débordent et s’écroulent. Sur l’autre flanc, — et proche du terminus du railway, — quelques factoreries et hôtelleries. À la crête, de banales constructions en briques, les unes occupées par la force publique ou des prisonniers, d’autres inutilisées ou inutilisables. Parmi ces dernières, un solennel hôpital, dont les