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mes vacances au congo

pitalièrement et cordialement, sont fiers de montrer à des compatriotes de passage les premiers résultats d’un travail acharné, comment se défendre contre l’admiration et les espérances qu’inspirent leur énergie et leur confiance ?

Être planteur aux pays du grand soleil, au milieu d’une nature exubérante, qui de nous, dès les jours d’enfance, n’a évoqué ce genre de vie, soit à la lecture des descriptions prestigieuses d’un Chateaubriand, soit — plus modestement, — à la contemplation des belles vignettes illustrant quelque boîte de chocolat, d’ananas, de maïzena, de tapioca ou de cigares ? La réalité est à peine moins pittoresque, et je gage que bien des vocations coloniales s’éveilleraient au spectacle de cette vie libre du planteur, tout de blanc vêtu, dont rien ne limite l’horizon et sous l’œil duquel s’agite tout un petit monde de travailleurs noirs, refoulant chaque jour un peu plus la forêt sauvage au profit des cultures de joie et de richesse.

On l’entame de ci de là, la grande forêt, la forêt vierge ou presque vierge… La flotte du fleuve et de ses affluents, tout comme les chemins de fer et les Decauville, les scieries à vapeur, les briqueteries, les chantiers et les ateliers y abattent journellement, à grands coups de hâche et sans compter, tout ce que réclament leurs besoins.

L’utilisation du charbon commence à peine et le pétrole du Congo, que les prospecteurs nous promettent, n’est pas encore à la veille d’être exploité. Mais que les amis des arbres se rassurent ! Il en reste. Il en reste peut-être pour des siècles, d’autant plus que la forêt équatoriale se charge volontiers de son propre repeuplement.

À deux reprises, nous avons pénétré dans la profondeur de ce décor mystérieux. On