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mes vacances au congo

Chambre de commerce de Kinshasa, si on part du principe que la liberté individuelle étant garantie d’une façon absolue, il est libre de cultiver ou de ne pas cultiver, de travailler ou de ne pas travailler ? »

À vrai dire, — et l’argument a son poids, — l’État n’a pas hésité déjà à imposer en maints endroits aux indigènes des travaux de voirie et même certaines cultures, telles que le riz et le coton.

Les champs de coton se développent dans le Manyéma, le Sankuru et l’Uellé, bien que, dans cette dernière région surtout, la difficulté des transports soit un sérieux obstacle à leur progrès. Des usines d’égrenage ont été établies, où j’ai vu des indigènes apporter le produit de leur dernière récolte, qui se présente sous des apparences très satisfaisantes.

En 1920, la Belgique a reçu 174 tonnes de coton congolais et le chiffre est passé à 438 tonnes en 1921. Mais pour le coton, tout comme pour le copal et la « coconotte » ou noix palmiste, les variations qui modifient, d’une année à l’autre, les prix d’achat de produit brut, ont pour résultat de dérouter l’indigène. Et l’avenir de ces plantations intéressantes est lié de très près au problème si délicat de la « valorisation ». À cet effet, d’aucuns préconisent déjà l’établissement, au Congo même, de filatures qui pourraient utiliser ces textiles pour la fabrication de types très simples, destinés aux indigènes. L’heure industrielle a-t-elle déjà sonnée pour la zone équatoriale ? Je ne sais. En tout cas, la fabrication locale — qui s’organisera peu à peu, — devrait s’attacher d’abord à rendre plus aisé et moins coûteux l’emballage des produits « pauvres » pour l’Europe. Si certains de ces produits, lourdement grevés par les frais de transport, ne