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MES VACANCES AU CONGO

1921, s’en est élevée à plus de douze mille tonnes. Cette gomme se trouve surtout à l’état dur ou fossile, et principalement dans les régions marécageuses du lac Tumba et du lac Léopold ii. Le noir la recherche sous l’eau, du pied ou à la sonde, et l’apporte aux courtiers qui la lui achètent en ce moment au prix de 25, de 20, voire de 15 centimes le kilo. Sans être compliquée, la recherche de ces gommes ne laisse pas d’être un peu pénible, et les noirs ne déploient pas, à les récolter, tout l’empressement que les commerçants manifestent à les amasser. C’est à propos de ce produit que les controverses sont actuellement les plus vives entre deux tendances que la colonisation expose presque fatalement à des heurts : l’intérêt commercial et la protection de l’indigène.

D’une année à l’autre, à raison des fluctuations du marché européen, le commerçant est amené à réduire, parfois de moitié et même davantage, la rémunération qu’il offre à l’indigène pour une même quantité de produits. Peu familiarisé encore avec les règles du libre jeu des forces économiques, le noir, — victime de la baisse, — se croit leurré par le blanc. Et celui-ci s’étonne que la loi de l’offre et de la demande ait, au cœur de l’Afrique, les mêmes conséquences que dans la vieille Europe. Que faire ? Stabiliser le prix du produit ? Réglementer le taux qui sera payé à l’indigène ou la quantité de copal qu’il aura à fournir ? Le commerce colonial fait remarquer que le noir est un être primitif et que, dans les régions de « cueillette », plus qu’ailleurs, il ne sent guère la nécessité de travailler ou d’améliorer sa situation. « Comment veut-on inculquer à l’indigène des idées de devoir, des idées de travail, des idées d’effort, m’écrit la