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MES VACANCES AU CONGO

observateur et imitateur, abuse de l’une et se venge de l’autre. Un haut fonctionnaire belge, arrivé ici en tournée d’inspection, vient, selon l’usage, d’engager pour la durée de son séjour dans la colonie un de ces « boys » qui sont, en général, d’admirables serviteurs, faisant à l’occasion l’office du cuisinier, du blanchisseur, du stoppeur, du ravaudeur, aussi bien que celui de valet de chambre. Avant de le prendre à son service, il lui demande : « Seras-tu un bon boy. » Et le jeune Casimir, — c’est à ce nom que répond le sympathique moricaud, — de répondre textuellement : « Tel est le blanc, tel est le noir. »

La sagesse des nations ne parle pas autrement quand elle dit : « Tel maître, tel valet. » Et elle ajoute que celui qui prétend se faire respecter, doit tout d’abord se respecter lui-même. À cet égard, la vie aux colonies impose au plus modeste des Européens établi en Afrique des disciplines individuelles, qui ne sont point toujours aisées à remplir. Tous n’en sont pas également pénétrés. Mais quoi ! il en va des coloniaux comme des noirs, « mutatis mutandis ». Eux aussi sont des hommes. Et tout ce qu’il est raisonnablement permis d’attendre d’eux, comme de chacun de nous, c’est qu’ils sachent conjurer ce danger qui constitue, au dire du philosophe Emerson, la seule maladie vraiment mortelle : « L’impuissance ou le refus de s’améliorer ».