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culine manifeste des exigences croissantes. Quelques mères comprennent, — mais elles sont encore bien rares, — la nécessité de garantir leurs enfants contre la pneumonie, qui fait plus de ravages que la maladie du sommeil elle-même, dans un pays où le thermomètre tombe brusquement de 32 degrés à l’ombre à 18 degrés !

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D’ailleurs, le contact européen, s’il enseigne aux noirs bien des choses qu’il lui vaudrait mieux d’ignorer, a développé chez eux un certain sens du négoce qui leur est familier et qui consiste — et n’est-ce pas tout le commerce ? — à acheter un produit : étoffe, poule, œufs, fruits, dans une région où ce produit est abondant, afin de le revendre, à gros profit, dans une région où il est rare. De petits trafics se multiplient ainsi au fur et à mesure du développement des voies de communication. Et l’introduction de la monnaie — qui est aujourd’hui connue et acceptée partout — y a heureusement contribué.

« Le contact européen. » Que de problèmes ne suscitent pas ces deux mots. En principe, tous les coloniaux reconnaissent qu’il importe de maintenir, vis-à-vis des noirs, le prestige et la solidarité des blancs. Dans la pratique, il arrive que quelques-uns poussent jusqu’au vertige le sentiment de l’autorité que leur couleur doit leur assurer vis-à-vis de l’indigène.

D’autres, au contraire, exagérant le côté accommodant et bonhomme du caractère belge, se laissent aller, vis-à-vis de l’indigène, à une condescendance trop grande. La patience et la fermeté sont nécessaires, mais la familiarité et la dureté sont également nuisibles. Le noir, qui est singulièrement