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MES VACANCES AU CONGO

Partout, où à peu près, — car quelques districts restent d’une pénétration difficile, — il perçoit l’impôt de capitation, qui va de 6 fr. 45 à 24 fr. 45 par an, suivant les régions (les centimes étant acquis au chef indigène), plus un supplément de trois francs par femme, lorsqu’il s’agit d’un polygame.

M. le gouverneur général Lippens avait même proposé que l’impôt sur la polygamie fut désormais progressif. Idée tout à fait heureuse. La polygamie est à la fois un luxe et une présomption de richesse. Elle mérite d’autant moins d’être encouragée qu’elle entretient la paresse de l’indigène. Dès que celui-ci a deux femmes, il cesse tout à fait de travailler. Mais ce projet d’impôt progressif, qui eût rapporté gros, a été écarté à Bruxelles par le conseil colonial, sans que je sache pourquoi.

Dès aujourd’hui, l’indigène qui, sans raisons plausibles, se dérobe à l’impôt, doit effectuer, à titre de pénalité, un ou deux mois de travail. Confondu avec les prisonniers de droit commun, — ce qu’il vaudrait mieux éviter, — il est employé au portage ou aux routes. L’impôt ne paraît pas trop lourd. Les récalcitrants sont rares et beaucoup de coloniaux croient que certaines prestations en travail pourraient utilement y être ajoutées.

Chacun s’accorde d’ailleurs à dire que la meilleure manière de déshabituer le noir de sa paresse, c’est de lui créer des besoins. Et il est certain que, petit à petit et quelle que soit son insouciance native, le noir éprouve la notion et le désir de nouvelles satisfactions qu’il pourra se procurer au prix de quelque peine. Déjà, notamment dans les villages de « licenciés ». les habitations indigènes révèlent un plus grand souci du confort. La coquetterie féminine et mas-