Page:Carton de Wiart - Mes vacances au Congo, 1923.djvu/101

Cette page a été validée par deux contributeurs.

85
mes vacances au congo

cache au fond de ces lions yeux qui rient si volontiers dans ces masques obscurs ou qui traduisent une si respectueuse déférence.

On me dit aussi que leur empressement n’est pas toujours désintéressé. Le « Matabitche »… Ils l’attendent à tout propos et même hors de tout propos. Le docteur H… m’assure qu’un brave Basoko, auquel il avait dû amputer un pied à la suite d’un accident, sollicita le lendemain son « matabitche », — et comme le médecin s’en étonnait, le noir de répliquer : « Toi as mangé ma viande. » C’est possible.

Cependant, il est des constatations aisées à faire, même pour un voyageur de passage. À ce titre, je note d’abord que les noirs sont généralement beaucoup plus propres qu’on ne le pense. L’expression populaire de « sale nègre » est parfaitement injuste. Nous avons, sans doute, plus d’un progrès à leur enseigner au point de vue de l’hygiène. Mais s’il s’agit de la propreté de la voirie, des habitations et même de la propreté corporelle ; s’il s’agit aussi de la décence publique, le nègre du Congo central pourrait en remontrer à beaucoup de blancs d’Europe.

Dans la plupart des villages indigènes, le sol est net et bien balayé. Pas de déchets ni de détritus épars, pas d’immondices comme le passant en rencontre dans les rues de maints faubourgs et de maintes communes industrielles et rurales de chez nous. Quant aux ablutions et aux bains, l’usage en est très répandu. Il semble même que certaines mamans noires en abusent pour leurs charmants moricauds, et j’ai vu l’une d’elles tremper son gosse dans la rivière en le tenant par le talon, tout comme le faisait la mère d’Achille… À cette constatation on pourrait en opposer une autre. C’est l’odeur déplaisante que dégage trop souvent le voisinage de ces beaux corps de bronze. Mais