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MES VACANCES AU CONGO

Préserver sa santé, élever sa mentalité, améliorer ses conditions d’existence, l’instruire, c’est agir pour son profit comme pour le nôtre.

Qu’il s’agisse d’assurer à nos transports, à nos plantations, à nos mines une main-d’œuvre abondante et habile, ou qu’il s’agisse de remplacer peu à peu l’ignorance et la sauvagerie des mœurs noires par la conception chrétienne de la dignité du travail et du respect de la femme, les mêmes conclusions peuvent et doivent rallier les hommes d’affaires et les hommes d’idéal. Toutes les causes si inquiétantes qui atteignent la natalité congolaise, la maladie du sommeil, la malaria, la syphilis ; de même que l’avortement et la prostitution sollicitent à la fois l’offensive des uns et des autres. Mais, par « hommes d’affaires », entendons ceux qui ne limitent pas leur clairvoyance au lucre immédiat d’une entreprise au jour le jour et qui consentent à ne pas sacrifier aveuglement l’avenir au présent.

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Depuis six semaines, je ne cesse d’observer les noirs de notre colonie, dans les villes ou dans les villages, au long du fleuve ou dans l’intérieur ; soit au repos, soit au travail. Ceux que j’ai vus sont de types variés, car l’on sait qu’il existe dans ce territoire à peu près aussi vaste que l’Europe occidentale et l’Europe centrale réunies, des peuplades ou des tribus très différentes de mœurs, d’intelligence et de langage. Mon impression, c’est que nos noirs sont, dans l’ensemble non seulement très intéressants, mais aussi très sympathiques. On me dit ici qu’il faut se défendre contre ce premier mouvement et qu’une grande dissimulation se