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les femmes écrivains de la france

Dans son enthousiasme, elle ne respecte même pas toujours la décence naturelle à son sexe. Ses écrits ont un ton de licence qui ne trouve son excuse que dans le goût du siècle et son pardon que dans la franchise de l’auteur, qui a, au moins, sur Marguerite de France, le mérite de la sincérité. Qui donc la condamnerait d’écrire ces vers :

Le tems met fin aux hautes pyramides,
Le tems met fin aux fontaines humides ;
Il ne pardonne aux braves Colysées :
Il met à fin les villes plus prisées,
Finir aussi il a accoutumé
Le feu d’amour, tant soit-il allumé !
Mais, las ! en moy, il semble qu’il augmente
Avec le tems, et que plus me tourmente.

On conçoit que la distinction dont Louise Labé était l’objet ne tarda pas à exciter la jalousie des Dames de la ville. On censura ces assemblées, on prétendit que les charmes de Louise et l’usage qu’elle pouvait en faire étaient les seuls motifs des préférences que sa maison s’était attirées ; mais voici ce qui acheva de flétrir sa réputation :

« La Belle Cordière était liée d’une amitié intime avec Clémence de Bourges, autre Lyon-