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françois Ier et la renaissance

qu’une femme aussi séduisante par les grâces de son sexe que par les charmes de son esprit ne manquait pas de nombreux admirateurs. Aussi le même biographe croit-il bon de mettre un léger correctif. Pour avoir droit à ses faveurs, il fallait être homme de condition ou homme de lettres, et encore cette dernière catégorie obtenait-elle toutes les préférences : « Dans la concurrence d’un savant où d’un homme de qualité, elle faisoit courtoisie à l’un plutôt gratis, qu’à l’autre pour grand nombre d’écus. »

Véritable Ninon de son siècle, elle se vit célébrée par les poètes français et étrangers. La vogue et l’affluence des assemblées qui eurent lieu chez elle furent si grandes qu’elles firent changer le nom de la rue qu’elle habitait en celui de Belle Cordière, qu’elle porte encore aujourd’hui.

Elle-même fit parfaitement son portrait, soit dans ses actions aventureuses qui prouvent que tous ses goûts furent des passions, soit dans ses écrits qui la peignent cherchant le bonheur, comme Sapho, dans les illusions d’une imagination ardente et dans les transports et l’ivresse de l’amour.