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françois Ier et la renaissance

me disant que si cela n’estoit, elle avoit moyen de me démarier. Je la suppliai de croire que je ne me connoissois pas en ce qu’elle me demandoit : (aussi pouvois-je dire alors comme cette Romaine à qui son mari, se courrouçant de ce qu’elle ne l’avoit averti qu’il avoit l’haleine mauvoise, elle répondit qu’elle croyoit que tous les hommes l’eussent semblable, ne s’étant jamais approchée d’autre homme que de luy). Mais, quoique ce fût, puisqu’elle m’y avoit mise, j’y voulois demeurer, me doutant bien que ce qu’on vouloit m’en séparer estoit pour lui faire un mauvais tour. »

Il y a loin de cette candeur à ce que ses biographes nous rapportent de sa vie, en supposant même que la critique ait exagéré ses faiblesses.

Il n’en est pas moins certain que Marguerite a toujours su faire de sa maison le rendez-vous des beaux esprits, et, par une des singularités de son caractère, elle allia à la plus extrême dissipation les études les plus sérieuses.

Le temps même fut sans influence sur cette princesse, et l’âge mûr ressemble chez elle à la jeunesse. Tout en méprisant ses désordres,