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les femmes écrivains de la france

On y distingue surtout une réserve de plume qui étonne lorsqu’on songe à la vie de cette princesse et qu’on se rappelle les libertés de propos que se permettait Marguerite de Valois, assurément plus vertueuse qu’elle. Elle n’y avoue rien de ses nombreuses amours. À peine laisse-t-elle entrevoir sa passion pour Boissy d’Amboise. « On y trouve, dit Bayle, beaucoup de péchés d’omission ; mais pouvait-on espérer que la reine Marguerite avouerait des choses qui eussent pu la flétrir ? » L’histoire, d’ailleurs, n’avait plus rien à voir dans ses faiblesses, désormais sans influence sur les affaires publiques.

Pour mieux faire juger de son style, citons encore un passage de ses Mémoires. Quelques-unes des remarques que nous venons de faire y trouveront une facile application. Il s’agit du projet de divorce formé par la cour.

« Ils vont persuader, dit-elle, à la reine, ma mère, qu’il me fallait démarier. En cette résolution, estant allée un jour de fête à son lever, que nous devions faire nos Pâques, elle me prend à serment de lui dire la vérité, et me demande si le Roy, mon mary, estoit homme,