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françois Ier et la renaissance

Briand » ne refusa point de rendre ces joyaux, mais, qu’ayant demandé un délai de trois jours pour les livrer, elle s’empressa de les faire fondre par un orfèvre et réduire en lingots : « Allez, — dit-elle ensuite au gentilhomme auquel elle les remit, — allez, portez cela au roy, et dites-luy que, puisqu’il lui a pleu de me révoquer ce qu’il m’avoit donné si libéralement, je le luy rends et renvoyé en lingots d’or. Pour quant aux devises, je les ay si bien empreintes et colloquées en ma pensée et les y tiens si chères que je n’ay pu permettre que personne en disposât et jouist et en eust de plaisir que moy-même. » Quand le roy eut reçu le tout, et lingot et propos, de cette dame, il ne dit autre chose sinon : « Retournez-luy le tout. Ce que j’en faisois ce n’étoit point pour la valeur, car je lui eusse rendu deux fois plus, mais pour l’amour des devises, et puisqu’elle les a fait ainsi perdre, je ne veux point de l’or et le luy renvoye. Elle a montré en cela plus de courage et de générosité que je n’eusse pensé pouvoir provenir d’une femme. »

On sait que, très passionnée pour les arts,