cruelle punition qui a rempli le monde d’un long étonnement. »
Retirée dans le monastère d’Argenteuil où elle fut appelée à la dignité de prieure, vivant du souvenir de son bonheur passé, Héloïse fut douze ans sans entendre parler de celui qu’elle avait tant aimé !
Puis elle fut mise en possession du Paraclet. Les bâtiments tombaient en ruines ; Héloïse y entra pourtant avec une joie ineffable : c’était là qu’Abélard avait vécu pendant plusieurs années !
« Notre sœur, — dit plus tard Abélard en faisant l’histoire de sa vie, — l’emportait sur toutes ses compagnes et avait reçu du ciel le don de plaire aux yeux de tous. Les évêques l’appelaient leur fille ; les abbés, leur sœur ; les laïques, leur mère. Tous admiraient sa piété, sa prudente sagesse, sa patience qu’accompagnait une douceur incomparable. »
C’est en 1142 que, par la renommée publique, elle apprend la mort de son époux. Elle parvient à faire enlever ses restes et les fait placer dans une chapelle construite par ordre d’Abélard.