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les femmes écrivains de la france

siècle, Mmes de Staël et George Sand aient été inférieures à leurs devancières. Pour nous, un sentiment tout contraire se dégage de l’étude que nous venons de faire. Nous ne dirons pas que, en général, les femmes peuvent surpasser ou même égaler les hommes dans les productions littéraires ; il leur manquera, presque toujours, cette originalité puissante de création, et même, dans la forme, ce qu’on peut appeler le don du pittoresque. À part cela, elles ont tout : l’esprit, la finesse, la délicatesse, la grâce, un coloris qui leur est propre, et souvent aussi de l’éclat, de l’ampleur, de la vigueur. Mais nous constatons aussi que leur éducation plus complète, plus intelligente, tend de plus en plus à les rapprocher de l’homme, et que chaque jour le nombre augmente de celles qui peuvent se dire les émules ou les rivales de nos meilleurs écrivains. Nous faisons des vœux pour voir ce mouvement s’accentuer davantage encore. Ce sera la réalisation du souhait que Louise Labé, « la belle cordière », formait au seizième siècle : « Outre la réputation que notre sexe en recevra, nous aurons valu au public que les hommes mettront plus de peine