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tère, et une foule d’études littéraires, philosophiques, politiques sur l’Allemagne et les Allemands, n’ont fait souvent que reprendre, fortifier et quelquefois obscurcir les traits de cette première et lumineuse esquisse. Ce fut aussi une révolution. Quelque distance qu’il y ait du romantisme allemand au romantisme français, le premier ne devait pas être inutile à l’éclosion du second, et nos réformateurs n’eurent parfois qu’à tourner les chapitres de l’Allemagne en manifestes. Dans tous les cas, en nous ouvrant de nouveaux horizons, l’auteur contribuait plus que personne à cet agrandissement, à cette indépendance de l’esprit, propre à la littérature du dix-neuvième siècle. Il faut ajouter que, par la profondeur et la finesse des vues, la vigueur des traits, l’appropriation des images aux idées, la maturité enfin d’un style où l’habitude de la recherche, de l’ingénieux et de l’effet ne se marque plus que par un surcroît de pénétration et de force, l’Allemagne est restée le plus beau livre de Mme de Staël et le plus remarquable sans doute qui soit sorti de la plume d’une femme. »