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les femmes écrivains de la france

par des complaisances et des caresses paternelles, il accoutuma de bonne heure sa fille à se montrer devant lui dans toute la candeur de son âme. Il se plaisait à l’agacer pour la faire parler, et elle répondait à ses douces railleries avec ce mélange de gaieté et d’affectueux respect qu’elle conserva toujours dans ses rapports avec lui. Profondément reconnaissante de ses bontés, elle mettait une ardeur extrême à lui complaire dans les plus petites choses.

Il paraît d’ailleurs que, tout enfant, elle trouvait son principal amusement dans la conversation savante des amis de son père, Raynal, Buffon, Grimm, Marmontel, Gibbon, etc., et les charmait par la vivacité et le sérieux de ses réparties.

On dit même que, frappée de la grande admiration que son père professait pour l’historien Gibbon, elle s’imagina qu’il était de son devoir de l’épouser, afin que Necker pût jouir constamment d’une conversation aussi agréable pour lui. Elle lui fit très sérieusement la proposition de ce mariage, — aussi sérieusement que peut le faire une petite fille de dix ans.