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xviiie siècle

tranquilles d’une vie dont la fin devait être si orageuse.

Sa sensibilité, concentrée jusqu’alors, fut mise à la plus grande épreuve : elle perdit sa mère. Et avec le deuil, le malheur et bientôt la ruine entrèrent dans la maison. Le père se jeta dans les distractions mauvaises ; les élèves partirent ; la misère faisait chaque jour un pas dans la maison.

Jeune, belle, dévouée, la pauvre enfant se chargeait de tous les détails du ménage, faisait de nombreux et vains efforts pour arracher son père à la vie de désordres qui l’entraînait, et se consolait de ses déplorables absences en consacrant ses heures solitaires à des études philosophiques.

Ce fut en partie pour sauver son père qu’à l’âge de vingt-cinq ans elle épousa Roland, d’un âge disproportionné au sien, mais dont elle avait appris à estimer le caractère.

« Je devins, — dit-elle, — la femme d’un véritable homme de bien, qui m’aima toujours davantage, à mesure qu’il me connut mieux ; mais je sentis qu’il manquait de parité entre