Page:Carton - Histoire des femmes ecrivains de la France.djvu/192

Cette page a été validée par deux contributeurs.
178
les femmes écrivains de la france

Mme de Genlis se jeta dans le parti orléaniste. En 1793, elle reçut l’ordre de quitter la France où elle ne revint que sous l’Empire. Napoléon lui donna même un logement à l’Arsenal et une pension de six mille francs, pour qu’elle lui écrivît tous les quinze jours « sur tout ce qui lui passerait par la tête. » Cette pension, paraît-il, lui fut continuée sous la Restauration par le duc d’Orléans. Elle pouvait vivre d’ailleurs du produit de ses trop nombreux ouvrages. Romans, théâtre, morale, philosophie, mémoires, ouvrages scientifiques, livres d’éducation, il n’est guère de sujets que Mme de Genlis n’ait abordés, sans en excepter la théologie, ce qui lui fit décerner par Marie-Joseph Chénier le titre de Mère de l’Église. Il y aurait injustice à ne pas reconnaître dans ses ouvrages des connaissances très variées, ainsi que la correction et l’élégance de son style. On y admire même souvent l’intérêt et l’invention de ses plans. Malgré ses qualités, elle eut l’art de s’aliéner tous les partis par les médisances de sa plume et ses habitudes de tracasserie et d’intrigue. Elle se rendit odieusement ridicule par son animosité à rabaisser les philosophes du