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xviiie siècle

mant, digne de sa réputation, et le premier ouvrage de femme écrit avec élégance. » À vrai dire, on a droit de s’étonner du succès prodigieux qu’obtint alors cet écrit. L’illusion du roman y est sans cesse détruite par les anachronismes et les invraisemblances de l’auteur, le dénouement ne satisfait personne, mais surtout les traits métaphysiques, les idées philosophiques, prodigués à l’excès, alanguissent le récit et glacent la passion. — Cette part des défauts une fois faite, il faut reconnaître, dans les Lettres péruviennes, un style élégant, des peintures pleines de charme et de délicatesse, une tendresse naturelle, parfois passionnée ; mais ce qui explique surtout le grand succès que cet ouvrage trouva auprès des contemporains, c’est la naïveté malicieuse avec laquelle la jeune Péruvienne Zilia, transportée au milieu de la civilisation française, critique la société polie du dix-huitième siècle.

On a encore de Mme de Graffigny : Cénie, drame en cinq actes, applaudi aux Français. Une comédie, la Fille d’Aristide, fut sifflée à la première représentation, et cette chute hâta, dit-