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xviiie siècle

poème de Gesner, la Mort d’Abel, n’était pas trop au-dessus de ses forces ; mais il n’en fut pas de même de son imitation, en six chants, du Paradis Perdu de Milton. Antoine Yart lança cette épigramme :

Sur cet écrit, charmante Du Boccage,
Veux-tu savoir quel est mon sentiment ?
Je compte pour perdus, en lisant ton ouvrage,
Le paradis, ton temps, ma peine et mon argent.

La tragédie des Amazones ne servit, comme le Genséric de Mme Deshoulières, qu’à prouver combien il est difficile aux femmes d’atteindre à la hauteur des conceptions tragiques.

La découverte de l’Amérique, restituée à son véritable auteur, lui inspira un poème en dix chants : La Colombiade. Il excita un éphémère, mais immense enthousiasme ; et pourtant le génie ne fut pour rien ni dans le plan ni dans l’exécution de cet ouvrage, qui est loin de valoir les lettres que Mme Du Boccage adressait à sa sœur, Mme Duperron. Ces Lettres sont intéressantes, bien écrites et de beaucoup supérieures à toutes les poésies de l’auteur.

Comme la précédente, Mme de Graffigny recueillit de son vivant toute la gloire qu’elle pou-