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les femmes écrivains de la france

Le jour de la mort de ce même Pont-de-Veyle, elle se rendit à un grand souper, où on ne manqua pas de lui parler de la perte qu’elle venait de faire : « Hélas ! dit-elle, il est mort ce soir à six heures, sans cela vous ne me verriez pas ici. » Et, sur ce tendre propos, elle soupa fort bien.

Elle aimait d’ailleurs les soupers, qu’elle regardait comme la plus solide distraction contre l’ennui : « Les soupers, écrit-elle à M. Walpole, sont une des quatre fins de l’homme ; j’ai oublié les trois autres. »

Elle conserva cet esprit jusqu’à sa quatre-vingt-quatrième année, l’année de sa mort (1780). Le curé de Saint-Sulpice étant venu pour la visiter, elle lui dit : « Monsieur le curé, vous serez très content de moi, mais faites-moi grâce de trois choses : ni questions, ni raisons, ni sermons. »

Nous connaissons un peu déjà Mlle de Lespinasse, sa place est marquée naturellement après Mme Du Deffant.

De bonne heure, sa vie commença par être un roman. Elle était fille adultérine de la comtesse d’Albon, alors séparée de son mari. Quant à son