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xviiie siècle

vécu depuis la plus agréable époque jusqu’à celle qui est la plus raisonneuse, elle unit les bénéfices des deux âges sans leurs défauts, tout ce que l’un avait d’aimable sans la vanité, tout ce que l’autre a de raisonnable sans la morgue… Aussi vive d’impression que Mme de Sévigné, elle n’a aucune de ses préventions, mais un goût plus universel. Avec une machine des plus frêles, son énergique vitalité l’emporte dans un train de vie qui me tuerait s’il me fallait rester ici. »

Peut-être pour avoir la vérité sur Mme Du Deffant, faudrait-il faire la moyenne entre le jugement de Walpole et ceux du parti encyclopédique. Ce que personne ne lui a refusé, c’est l’esprit. Ses lettres sont remplies de traits fins, hardis, acérés, le plus souvent très justes. Elle y passe en revue une infinité d’objets, elle dit son sentiment sur tout avec une extrême franchise, juge les personnes et les choses, les livres et les auteurs, les gens du monde et les femmes de sa société avec une sévérité qui est parfois excessive. Or, rien de plus difficile que l’appréciation de la littérature contemporaine, rien n’annonce mieux