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xviiie siècle

que l’on donne à des pensées ordinaires, n’entraient pas dans l’immensité de ses talents. Le mot propre, la précision, la justesse et la force étaient le caractère de son éloquence. Elle eût plutôt écrit comme Pascal et Nicolle que comme Mme de Sévigné. Mais cette fermeté sévère, cette trempe vigoureuse de son esprit ne la rendaient pas inaccessible aux beautés de sentiment. Les charmes de la poésie et de l’éloquence la pénétraient et jamais oreille ne fut plus sensible à l’harmonie. »

Cet éloge manifestement exagéré trouve un contrepoids suffisant dans le portrait satirique écrit par Mme Du Deffant : « Émilie travaille avec tant de soin à paraître ce qu’elle n’est pas, qu’on ne sait plus ce qu’elle est en effet. Elle est née avec assez d’esprit ; le désir de paraître en avoir davantage lui a fait préférer l’étude des sciences abstraites aux connaissances agréables. Elle croit par cette singularité parvenir à une plus grande réputation et à une supériorité décidée sur toutes les femmes. »

Cette supériorité de Mme Du Châtelet était en effet incontestable dans les sciences ; au point de