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les femmes écrivains de la france

chaient point la marquise Du Châtelet de rechercher avec avidité les amusements les plus frivoles. « Je ris plus que personne aux Marionnettes dit-elle ingénument dans ses Réflexions sur le bonheur, et j’avoue qu’une boîte, une porcelaine, un meuble nouveau sont pour moi une vraie jouissance. » Ce contraste faisait dire à Voltaire :

Son esprit est très philosophe,
Mais son cœur aime les poupons.

Deux passions d’ailleurs remplissent toute la vie de Mme Du Châtelet : l’amour et la gloire. Et à ce désir de la gloire, dit encore Voltaire, elle joignait une simplicité qui ne l’accompagne pas toujours. Jamais personne ne fut plus savante et jamais personne ne mérita moins qu’on dit d’elle : C’est une femme savante.

Voltaire cependant n’eut pas toujours à se louer de la fidélité d’Émilie. Vers l’âge de trente-six ans, elle se laissa entraîner à la faiblesse d’un nouvel attachement. Le jeune Saint-Lambert parvint à lui faire oublier quelque temps l’auteur de la Henriade. Voltaire fut sur le point de se fâcher, de rompre définitivement avec elle, mais, songeant à ses cinquante-quatre ans, il pardonna cette infidélité et fut jusqu’à la fin