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xviiie siècle

Sa naissance, sa fortune, non moins que ses talents, la firent rechercher en mariage, toute jeune encore, par beaucoup de nobles personnages. C’est parmi eux que son père lui choisit pour époux le marquis Du Châtelet-Lomont, lieutenant général et d’une ancienne famille de Lorraine. Cet hymen, tout à fait de convenance sous le rapport du rang, des biens, de l’âge même, réunissait un couple moins bien assorti relativement aux goûts et aux caractères. Froid, morose, peu sensible aux jouissances intellectuelles, le marquis ne pouvait guère vivre dans une intimité bien grande avec une jeune femme à la fois éprise des plaisirs de son âge et passionnée pour les lettres, la poésie et les sciences.

Toutefois il n’y eut entre eux qu’une de ces demi-séparations, à peu près décentes, dans lesquelles n’interviennent point les tribunaux, et qui, assez communes à cette époque de mœurs peu sévères, n’en laissaient pas moins à chacun des époux une liberté presque complète.

Mme Du Châtelet usa de la sienne. La curiosité de son esprit, la fougue de son caractère, secondées par la facilité des mœurs de la Régence,