Page:Carton - Histoire des femmes ecrivains de la France.djvu/130

Cette page a été validée par deux contributeurs.
118
les femmes écrivains de la france

non seulement pour elle et pour sa société intime, comme on l’a prétendu, mais un peu aussi pour la postérité, comme elle l’avoue elle-même : « Je sais bien, a-t-elle dit, que les choses plaisantes et jolies que j’écris à mes vieilles amies iront un peu plus loin. »

Voir le monde, le peindre et se peindre elle-même, c’est à cela que Mme de Sévigné passa sa vie, gardant jusqu’au bout cette verve étincelante d’une imagination spontanée et heureuse, et cette originalité charmante d’une nature saine jusque dans ses hardiesses.

« Elle se plaît au mouvement du monde, elle est à l’aise au milieu de tous ces bruits de cour dont elle est l’écho familier et piquant ; elle s’intéresse aux modes ou à un sermon de Mascaron, aux aventures de M. de Lauzun, à la goutte de M. de La Rochefoucauld ou aux distractions de M. de Brancas. Il n’est pas de mondaine plus affairée. » Et avec quelle délicieuse allure, quelle aimable vivacité, toutes ces questions se déroulent dans cette succession de lettres où tout passe, où tout s’anime, où tout se colore d’un trait rapide !