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siècle de louis xiv

loyalement, lui fut vite amer, et elle n’eut guère jour à s’y livrer. Jeune et belle veuve, à l’humeur libre et hardie, dans ce rôle d’éblouissante Célimène, eut-elle en secret quelque faible qu’elle déroba ? Une étincelle lui traversa-t-elle le cœur ? Fut-elle jamais en péril d’avoir un moment d’oubli avec son cousin Bussy comme M. Walckenaer, en Argus attentif, inclinerait à le croire ? Avec ces spirituelles rieuses, on ne sait jamais à quoi s’en tenir et on serait bien dupe souvent de s’arrêter à quelques mots qui, chez d’autres, diraient beaucoup. Le fait est qu’elle résista à Bussy, son plus dangereux écueil, et que si elle l’agréa un peu, elle ne l’aima point avec passion. Cette passion, elle ne la porta sur personne jusqu’au jour où ces trésors accumulés de tendresse éclatèrent sur la tête de sa fille pour ne plus s’en déplacer.

« Un poète éligiaque l’a remarqué : Un amour qui vient tard est souvent plus violent ; on y paye en une fois tout l’arriéré des sentiments et les intérêts :

      « Sœpè venit maguo fœnore tardus amor. »