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les femmes écrivains de la france

ou deux volumes par an. Elle y introduisait alors, au fur et à mesure, toutes les questions débattues dans les salons ; elle se faisait l’écho de toutes les bagatelles, de toutes les futilités à l’ordre du jour, et la société élégante applaudissait à la fidèle peinture de ses mœurs. On démasquait les personnages ; sous le casque des Romains, ou dans la salle de bains des plus jolies Persanes, on reconnaissait les habitués de l’hôtel de Rambouillet. Aussi, il fallait voir avec quel enthousiasme la foule des beaux esprits affluait aux samedis de l’immortelle Sapho !

Il est probable que l’affabilité de ses manières, son commerce agréable et poli ne contribuèrent pas peu à rehausser l’éclat de son talent littéraire. On sait qu’elle était d’une extrême laideur ; ses traits épais et lourds étaient loin de faire soupçonner sa supériorité ; mais elle rachetait bien ce défaut physique par de solides qualités du cœur. Elle inspira néanmoins plusieurs passions violentes, et Pélisson, qu’elle a peint sous le nom d’Alcante, ne fut pas, dit-on, indifférent à son mérite, pour employer le style de l’époque. Il eut, entre autres rivaux, Conrart, le