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siècle de louis xiv

Il n’est pas jusqu’à Port-Royal, malgré son austérité, qui ne dévore avec avidité les pages de la Clélie : « On fit venir au désert, — dit Racine, — ce roman où Mlle de Scudéry avait fait une peinture avantageuse de Port-Royal ; il y courut de main en main, et tous les solitaires voulurent voir l’endroit où ils étaient traités d’illustres. »

Et ce ne sont pas les hommes seuls qui célèbrent à l’envi le talent de Mlle de Scudéry ; loin de se montrer jalouses, les femmes les plus distinguées par leur esprit. Mmes Dacier, de Sévigné. Descartes, etc., renchérissent encore sur ces louanges prodigieuses.

Il est facile d’expliquer l’immense réputation de Mlle de Scudéry. L’esprit et l’imagination ne firent pas seuls le succès de ses romans. Elle avait surtout la prétention d’amuser les ruelles et les réduits les mieux fréquentés. C’est à ce soin qu’il faut attribuer les nombreuses histoires qu’elle lie tant bien que mal à l’intrigue principale de ses ouvrages. Ajoutons qu’elle ne composait pas tout d’une haleine ; elle divisait ses romans en plusieurs parties, et ne publiait qu’un