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Tandis qu’on boit et qu’on chante, la porte
très haute s’ouvre, et le vieil empereur
paraît, immense, à la fauve lueur
des flambeaux d’or, suivi de son escorte.

Ce sont des preux, en des combats sans nombre
toujours vainqueurs. Or, tous les invités,
devant le roi, joyeux, se sont levés ;
sauf Ganelon dont le visage est sombre.

Il reste assis, tout seul, loin de la porte.
Charle s’avance. Il lui pose la main
sur l’épaule, et, parlant en souverain,
lui dit ces mots, d’une voix grave et forte :

— Et tous se sont tus dans la salle immense —
« Où donc est-il Roland, mon fier neveu ?»
Ganelon dit : « Messire, il est à Dieu. »
— Les hauts barons ont fait un grand silence —

Charte le Roi, la voix plus grave, insiste :
« Où donc est-il mon cher neveu Roland ? »
« Point ne le sais, dit Ganelon tremblant. »
— Lors l’empereur est devenu tout triste.

Puis il reprend encor d’un ton sévère :
« Où donc est-il Roland que tant j’aimais ? »
Ganelon dit : «. Messire, je ne sais,
mais le bruit court qu’il est mort à la guerre. »

« Jure-moi donc sur la tour principale
de ton château que tu n’as pas trahi
mon doux Roland, car tu l’as fort haï. »
— De Ganelon, comme la face est pâle ! —