Page:Carrière - Écrits et lettres choisis, 1907.djvu/120

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de son bonheur, s’il n’avait tourné ses plus actives facultés [vers] sa propre destruction.

Il faut faire un nouvel examen de notre conscience et savoir plus justement ce que nous possédons de forces, afin de les exercer au profit de notre bonheur. Les faiblesses deviennent alors négligeables, et en fait elles se trouvent amoindries par le développement de nos forces.




La nature a fait l’homme fort et riche de dons ; il faut se le redire ; et l’homme, par sa cruelle inclination à la domination de [ses] semblables, a forcé les hommes à ne voir que leurs misères, résultat de leur propre inconscience.




Combien il est difficile de ne pas souffrir des peines passées ! Notre bien-être de l’instant établit une constante comparaison, et nous souffrons injustement des efforts qui nous ont permis de triompher des obstacles. Seule la conscience de l’effort continu vers un but très haut nous éloigne de ce triste sentiment.

La peine est le propre de l’homme ; il faut qu’il se résigne à la souffrance, elle forme la plus grande partie de son existence.

Comme sur un grand ciel sombre se détachent de rares étoiles, ainsi se représentent [en] notre vie, sur un grand fond de souffrances, les lumières qui en sont