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LES FLEURS AQUATIQUES.

— Papa, dit Lydie, menez-nous, s’il vous plaît, du côté de ces nymphéas ; mon frère m’en saisira bien quelques fleurs.

— Et il me donnera de ces grandes feuilles luisantes qui sont larges comme des assiettes, » ajouta Mina.

Le bateau se trouvait sur une large retenue d’eau qui alimentait le moulin ; et comme le courant était presque insensible en cet endroit, mille plantes diverses croissaient près des rives. L’on passa tout auprès d’un fouillis de joncs, de roseaux, de sagittaires, d’une variété infinie de grandes herbes, et le bateau glissait fort lentement au milieu de tous ces obstacles.

« Que je voudrais donc pouvoir marcher sur l’eau comme cette araignée que je vois-là ! s’écria Lydie. Voyez donc maman, comme elle glisse sans seulement l’agiter ! Qu’est-ce qui peut donc l’empêcher d’enfoncer ?

— On assure que ces petits animaux ont sous chaque patte une bulle d’air qui les soutient sur l’eau.

— Pourquoi tournent-elles comme de vraies folles ? dit Mina.

— C’est qu’elles chassent leur proie qui est si petite que nos yeux ne peuvent l’apercevoir.

— Les leurs sont donc meilleurs que les nôtres ?

— Oui, petite, la vue est un sens extrêmement développé chez tous les insectes.