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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

pas trop mal ajustée, et tu n’auras que des bas et des souliers à acheter.

— Mais, maman, nous resterons donc sans le sou ?

— Que veux-tu, ma pauvre Gote ! il faut pourtant bien que tu sois chaussée. » Et en disant cela elle ouvrit son grand bahut.

Louise entrait à l’instant où cette femme retirait du bahut sa toilette de noces.

« Où voulez-vous donc aller, la mère, dit-elle, que vous visitez votre toilette ? »

La pauvre femme avoua l’usage qu’elle en voulait faire.

« Gote n’a donc plus d’argent ?

— Mademoiselle, il me reste encore dix francs. La maladie de mon père nous a coûté beaucoup.

— Ne défaites pas votre robe, la mère ; arrangez-la ainsi que le reste pour vous faire belle le jour de la grande cérémonie, et ne vous inquiétez de rien. Gote a agi en bonne fille et Dieu la bénira. Attendez-moi, je vais revenir. »

Et elle alla chercher un paquet d’étoffe et l’apporta dans la chaumière.

« Tiens, ma chère Gote, dit-elle en le dépliant, j’ai employé mes économies à t’acheter tout ce qu’il faut pour t’habiller, jusqu’à des souliers. Tu vas faire la jupe de ta robe et ton jupon de dessous, et moi je me charge du corsage et du bonnet.