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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

La mère de Gote apprit promptement à faire la grosse dentelle ; et en y employant tout le temps qu’elle ne donnait pas aux soins du ménage dont elle s’était chargée entièrement, elle gagnait encore quatre francs par semaine, et quelquefois plus. Le petit garçon avait soin de son frère qui commençait à marcher seul.

Pâques approchait ; le ménétrier, parfaitement remis, quoiqu’il portât encore son bras en écharpe, se promenait afin de recouvrer ses forces, et il attendait que sa fille eût fait sa première communion pour entrer en apprentissage. Sa femme, profitant d’un instant où elle était seule avec Gote, lui dit :

« Ma pauvre petite, ces dames s’imaginent que tu pourras t’habiller de neuf pour le grand jour ; mais la maladie de ton père a emporté toutes tes épargnes ; pourtant, ne te désole pas trop, il y aura peut-être moyen d’arranger cela.

— Maman, j’aurais été contente d’être bien habillée comme les autres ; mais je suis si heureuse de voir mon père guéri que je ne pense plus à la toilette ; et puis, voyez donc comme il est bon à présent, et comme il nous aime tous !

— Écoute, ma fille ; j’ai toujours ma robe de noces en jolie indienne rose, et je ne l’ai portée que deux fois. Nous allons la défaire pour l’arranger à ta taille ; et avec mon bonnet et mon fichu qui sont encore presque neufs, tu ne seras