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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

trouverons bien un autre moyen d’utiliser votre temps.

— C’est qu’avec mon archet je gagnais beaucoup d’argent !

— Ce qui n’empêchait pas votre famille d’être dans une profonde misère.

— Que voulez-vous, madame ! dans notre état, l’on a de grandes et fréquentes tentations, et il n’est pas facile d’y résister.

— Ne regrettez donc pas un métier qui vous a fait perdre l’estime générale et la vôtre propre. Vous en prendrez un autre plus sédentaire qui, tout en vous rapportant moins, ramènera cependant l’aisance chez vous, et vous attirera la considération que mérite tout homme qui renonce à de mauvaises habitudes pour rentrer dans la vie honnête.

— Mais, madame, j’ai trente-six ans ; quel métier voulez-vous que j’apprenne à cet âge ?

— Celui de vannier. Il n’y a point de vannier dans le bourg voisin, et vous trouverez à vous employer toute l’année. Je vous placerai chez un maître en ville, qui vous logera et vous nourrira ; et après six mois d’apprentissage, vous serez en état de gagner honnêtement la vie de vos enfants ; car la vannerie demande plus d’adresse que de force et n’exige pas de grandes avances. Vous connaîtrez alors le plus grand bonheur que l’on puisse