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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

— C’est pourtant vrai ! répondit la mère toute pensive.

— Oh ! oui ! s’écria Gote, encouragée par cette approbation ; si elle ne m’avait pas appris à travailler, où en serions-nous avec mon pauvre père malade ? Il aurait donc fallu le mettre à l’hôpital, loin de nous qui l’aimons bien !

— Vous m’aimez ! dit le malade étonné. Tu m’aimes, toi, Gote ? »

Et le malheureux faisant un retour sur sa conduite passée, lui qui n’avait jamais fait attention à ses enfants que pour les maltraiter, se mit à pleurer.

Sa femme, tout attendrie, s’approcha de Gote et lui dit :

« Ma fille, apprends-moi à faire la dentelle afin que je gagne quelque chose aussi ; car, vois-tu, je suis bien lasse de la vie que je mène ! »

La petite se jeta dans les bras de sa mère, et elles pleurèrent ensemble : l’une de joie, l’autre de honte d’avoir si mal reconnu l’extrême bonté de Mme Malmont qui entrait en cet instant.

Heureuse autant que surprise de les trouver tous si émus, elle s’approcha du malade et lui adressa quelques bonnes paroles.

« Hélas ! madame, que vais-je devenir quand je serai guéri, puisque le médecin assure que je ne pourrai plus jouer du violon ?

— Ne vous tourmentez pas ainsi, mon ami ; nous