nétrier qui s’était cassé le bras droit tout auprès du coude, à la suite d’une rixe de cabaret. Sa femme le reçut fort mal et fut très-peu touchée de son grand désespoir ; car le pauvre homme prévoyait bien qu’il ne pourrait plus se servir de son archet. Et alors, comment gagner sa vie ? Le médecin qui réduisit la fracture confirma les craintes du malheureux, en déclarant qu’il perdrait l’articulation du coude.
Gote, voyant combien son père souffrait, s’installa auprès de son lit ; et, tout en travaillant à son métier, elle lui racontait différents épisodes de l’Histoire sainte que Louise lui avait lus. En occupant ainsi son esprit de choses toutes nouvelles pour lui, elle parvenait à le distraire de son chagrin.
Un dimanche même elle essaya de lui lire l’évangile du jour.
« Tu sais donc lire, Gote, lui dit sa mère qui, depuis l’accident arrivé au ménétrier, restait à la maison. Comment ça se fait-il, puisque tu ne vas pas à l’école ?
— Maman, répondit l’enfant un peu confuse et craignant d’être grondée, Mlle Louise me donnait chaque jour une leçon en même temps qu’elle m’apprenait à faire la dentelle.
— C’est une brave demoiselle, dit le père, bien douce, bien patiente.