Page:Carraud - Les métamorphoses d’une goutte d’eau, 1865.pdf/203

Cette page a été validée par deux contributeurs.
190
L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

— Maman, répondit doucement la petite Gote qui n’était plus grossière avec sa mère depuis que Louise s’occupait d’elle, on m’a donné la toile toute coupée. »

La pauvre petite était devenue très-sensible aux mauvais traitements. Elle parla à Mme Malmont du reproche que lui avait fait sa mère, et lui dit en pleurant combien on était dur et injuste envers elle.

« Ma chère petite, répondit cette dame, les enfants ne doivent pas juger leurs parents, et encore moins les blâmer. Ta mère a sans doute quelque grand chagrin qui lui trouble l’esprit et l’empêche d’être juste envers toi ; mais en étant toujours bien douce et bien soumise, tu soulageras son cœur et tu la verras revenir à de meilleures habitudes. Ne serais-tu donc pas bien contente, Gote, de lui rendre un peu de tranquillité ?

— Oh ! si, madame ; je sais bien que ma mère n’est pas heureuse.

— Eh bien ! puisqu’elle désire des chemises, il faut lui en faire ; mais je veux que tu gagnes toi-même l’argent nécessaire pour les acheter. Louise sait faire la dentelle ; elle t’apportera un métier avec une pièce montée demain, et te fera voir comment il faut s’y prendre. Si tu t’appliques à cela comme tu le fais à tout ce qu’on t’enseigne, dans un mois tu pourras gagner cinquante centimes par