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L’ÉDUCATION PAR LES FLEURS.

en jour ; car elle trouvait si bon d’être aimée ! Un jour l’enfant dit à Louise d’un ton suppliant :

« Oh ! mam’zelle, si vous vouliez m’apprendre à lire !

— J’allais te le proposer, ma Gote ; et tiens, j’ai déjà le livre dans ma poche. »

L’enfant prit l’Abécédaire, qu’elle feuilleta avec avidité.

« Comme je serai savante quand j’aurai lu tout cela ! s’écria-t-elle.

— Pas beaucoup encore, ma pauvre mignonne ! »

Pour entretenir le zèle de sa petite élève qu’elle trouvait toujours très-appliquée, Louise lui apporta des fleurs qu’elles plantèrent dans le jardin ; le petit les arrosa matin et soir. Mme Malmont, qui assistait quelquefois aux leçons données à Gote, était charmée de son aptitude et de son attention ; elle lui apporta deux chemises de toile neuve toutes taillées et prêtes à coudre. Gote, enchantée, se mit aussitôt à l’ouvrage. Sa mère la surprit terminant la dernière.

« Que fais-tu là ? lui dit-elle durement.

— Maman, je finis ma chemise.

— Où as-tu pris de la toile pour la faire ?

— C’est Mme Malmont qui me l’a donnée.

— Pourquoi ne m’en avoir pas plutôt fait une chemise ? Je t’aurais donné de mes vieilles qui sont bien assez bonnes pour toi.